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Un écrin pour l'art contemporain

Les valeurs et les sujets mis en lumière par le mémorial, tels que l'engagement, la citoyenneté, les résistances civiles ou la mémoire, prennent vie au travers de projets de création contemporaine.

Artistes en résidence, plasticiens, graffeurs, photographes, réalisateurs... tous laissent une trace de leur passage dans le mémorial. Des oeuvres d'art à découvrir au cours de votre visite ou à l'occasion d'exposition temporaires.

 

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L'exposition retrace l'itinéraire qu'Ethel Buisson a effectué pour suivre le parcours de son grand-père, dont elle a découvert le prénom en le lisant pour la 1ère fois sur le mur des noms du mémorial de la Shoah.
Un parcours photographique et sonore qui retrace l’histoire de Srul Ruger, de Varsovie à Paris jusqu’à Auschwitz ainsi que la fuite de sa grand-mère Chuma et de sa mère Agnès depuis leur évasion du Vel-d'Hiv en juillet 1942 jusqu'à Méaudre. Aujourd'hui, l'école d'Autrans-Méaudre porte le nom d'Agnès Buisson.

 

Une exposition revisitée

Présentée pour la première fois en 2016 à la mairie du 9e Arrondissement de Paris, Ethel Buisson l'a depuis revisitée et complétée par un nouveau voyage à Auschwitz en septembre 2022.  En parallèle elle a travaillé sur un deuxième opus qui la guide cette fois-ci au travers de la France jusque dans le Vercors, terre de résistance où sa mère et sa grand-mère se sont cachées il y a 80 ans.  Les deux volets se répondent et sont montrés dans des espaces conjoints du Mémorial.

"Le traumatisme lié à la disparition de mon grand-père m’empêchait jusqu’à peu de poser cette question à mes proches et à moi-même. Je ne connaissais son prénom ni en hébreu, ni en yiddish. Son trajet était imprécis. L’idée de m’adresser à lui, impossible. Alors j’ai voulu reconstituer l’itinéraire de sa disparition, photographier les endroits où les faits se sont déroulés et enregistrer les sons ambiants, 70 ans après, à dates et heures précises, reconstituant ainsi « un souffle de vie ».

J’ai mené une enquête dans l’espace et dans le temps pour tenter de comprendre. Visiter les scènes du crime, prélever toutes les empreintes laissées, comme un moulage de l’absence et tenter d’impressionner le film argentique par l’invisible. Prendre le temps de vitesse avant qu’il ne me rattrape, capter les images et les sons, ces riens du tout…"

 

 

 

Et depuis 2022,

" J’ai suivi le trajet de figures familiales, pas à pas, sur les lieux des exactions et traumatismes, aux dates anniversaires. J’ai inventé un dispositif commémoratif patient, par la photographie réalisée à la chambre, trépied et procédé argentique, doublé d’une captation sonore. En m’appuyant sur les récits familiaux et les archives je me suis autorisée et obligée à prendre rendez-vous avec l’histoire et la géographie à date spécifique.

L’acte photographique est venu concrétiser la prégnance des lieux avec le dépôt du voile de la mémoire sur le paysage.

Les reconstitutions spatio-temporelles du calendrier familial viennent à leur tour prendre place dans les espaces du mémorial et font écho à son architecture et au site. Elles tentent de traduire par la scénographie et le récit l'expérience traversée."

Ethel Buisson

 

Ces visages nous questionnent : quelles intentions les habitaient ? Pourquoi se sont-ils engagés ? Quelles émotions les emportaient ? Ces questions émergent dès que l’on prend le temps de soutenir leur regard et d’entrer en contact avec ces visages. Pourraient-ils alors s’animer pour nous faire partager leur combat dans la clandestinité, dans le désert d’Afrique ou dans le ciel de l’Angleterre ?

Cette démarche autour des Compagnons de la Libération se poursuit lors d'une résidence artistique dans le Vercors pendant laquelle C215 créera des œuvres originales, visibles lors de la visite du Mémorial ainsi que dans les villages de Saint-Martin et Vassieux-en-Vercors. C215 produira pour le parcours de visite permanent une série de cinq portraits de Résistants, hommes, femmes, civils, militaires, ayant laissé leur trace sur le Vercors.

Pour les communes de Saint-Martin-en-Vercors et Vassieux-en-Vercors, deux œuvres in situ viendront surprendre le visiteur au détour d'une rue ou d'une habitation, perpétuant ainsi, hors les murs, le souvenir de ces Résistants.

 

Appliquée sur des objets du quotidien des années de guerre – poste radio, journaux, appareil photo, guêtres ou gamelles – la technique mixte de l’artiste nous rend familiers ces hommes et ces femmes au parcours d’exception. C’est cette proximité qui éveille notre intérêt pour telle ou telle figure et qui nous édifie en les faisant passer de l’ombre à la lumière.

 

Affiche C215 Mémorial de la Résistance en Vercors

Tomas Bozzato au mémorial de la résistance

Tomas Bozzato, Un Refuge, 2022

 

Tomas Bozatto au Mémorial de la Résistance

Tomas Bozzato, artiste de l'image, réalisateur et photographe, propose un reportage artistique sur les migrants et les bénévoles du Refuge solidaire à Briançon.

Cette exposition révèle des portraits immortalisés grâce à une Afghan Box, une mallette en bois qui combine chambre photographique et chambre noire de développement, accompagnés de textes rédigés par le photographe.

Tomas nous plonge dans la vie quotidienne des migrants, des personnes qui viennent de passer la frontière italo-française par la montagne, et des bénévoles du refuge. Une invitation à prendre le temps, à ralentir, à discuter, tout en laissant place à la spontanéité et aux gestes simples.

 

Un refuge ou la possibilité d'une rencontre

Ce projet photographique raconte le Refuge Solidaire de Briançon, un lieu d’accueil inconditionnel où les exilé-es qui viennent de traverser la frontière des Alpes entre l’Italie et la France sont hébergé-es pendant quelques jours, avant de continuer leur voyage. Le Refuge est un grand bateau qui a son rythme de croisière mais aussi ses petits imprévus quotidiens et quelques tempêtes à traverser. Des bénévoles de tout horizon et de tout age viennent donner un coup de main, certains viennent pour quelques jours, d’autres y retournent régulièrement depuis des années. Des salarié-es solides et doux tiennent la barre en restant à l’écoute de toutes les personnes qui passent. Dans ces photographies comme dans ce lieu se croisent exilé-es, salarié-es et bénévoles de tout horizon ; parfois on se demande qui est qui, qui se cherche, qui se trouve et où ira chacun-e après cette expérience.

 

L'Afghan box, tisser un lien entre le modèle et le photographe

"J’utilise dans ce projet une Afghan box qui est à la fois une chambre grand format et un laboratoire argentique de rue ; elle est aussi et surtout un outil de rencontre. Elle me permet de photographier une personne, de réaliser d’abord un négatif papier qui est précieusement conservé et ensuite un petit tirage noir et blanc que j’offre à la personne elle-même. Ce petit tirage offert est le seul véritable original de l’œuvre. Il voyage au fond des poches, au milieu des livres, parfois plié dès que je tourne mon regard, le plus souvent gardé soigneusement comme le miroir d’un soi légèrement inconnu, dont on essaie d’appréhender la complexité.

Le fait d’offrir un tirage unique, mon habitude des dispositifs de rencontre, ainsi que la sympathie que ce dispositif crée autour de lui font que, le plus souvent, je n’ai pas encore terminé de m’installer, que plusieurs personnes sont déjà curieuses de ma présence. Je photographie celles et ceux qui viennent à moi et qui souhaitent participer à cet échange". Tomas Bozzato

 

Afgan Box

 

La lenteur pour photographier au fond du coeur

"Pour réaliser chaque photographie, j'ai besoin d’une vingtaine de minutes de travail. Dans ce temps photographique hors du commun, à l’opposé des pratiques actuelles où nous prenons des rafales d’images à chaque instant, la personne installée est photographiée un espace calme d’introspection. Ce dispositif impose une lenteur qui laisse la possibilité d’une rencontre. Je passe avec les personnes photographiées des moments intenses, avec parfois une longue discussion, d’autres fois un échange avec juste les mots suffisants pour enlever les masques et photographier au fond du cœur. La recherche d'une vérité délicate de chacun et de chacune, un signe tenu qui échappe au premier regard mais qui raconte quelque chose de fondamental de la personne qui se tient devant le photographe". Tomas Bozzato

 

Le Mémorial de la Résistance : "un lieu idéal pour parler du Refuge solidaire"

"La première exposition de ce projet se tiendra au Mémorial de la Résistance du Vercors, de début juin à mi-septembre. En partant d’un point de vue artistique et sensible, le parallèle entre les Résistants du Vercors et l’engagement des personnes du Refuge Solidaire est porteur de questions puissantes qui nous invitent à nous situer pour construire au quotidien notre histoire commune. Chaque année 30.000 personnes visitent le Mémorial, des classes d'écoles, des personnes de tous horizons, nationalité et convictions politiques. C’est un lieu qui me semble idéal pour parler du Refuge solidaire." Tomas Bozzato

Mémoire, stigmates du passé et paysages

Parmi les sujets mis en lumière par la nouvelle muséographie du Mémorial, celui des résistances civiles tient une place particulière.

Après 5 semaines de résidence, Nicolas Daubanes expose ses œuvres tout au long du parcours de visite du Mémorial. Parfaitement intégrées à l'architecture contemporaine du bâtiment, puissantes et élégantes, elles font résonner des thématiques chères à l'artiste : les traces des stigmates mémorielles du passé dans les paysages d'aujourd'hui ainsi que dans nos choix quotidiens.

Cicatrices du passé inscrites dans le paysage d'aujourd'hui, mais peut-être aussi dans nos engagements quotidiens ?

 

"Ceci débouchera sur des bribes de réponses à une question qui occupe largement mon esprit depuis que j'ai entamé mes recherches plastiques sur la Résistance et les comportements de chacun en situation coercitive difficile. Les traces de la Résistance aujourd'hui se trouveront elles uniquement dans ces cicatrices paysagère ? L'engagement de tout un chacun sur le territoire sur des questions personnelles, et en apparence éloignées de l'idéologie de la Résistance française, seraient elle finalement influencer par cette dernière ?"

Nicolas Daubanes

 

Une oeuvre exposée : Mont Aiguille, Vercors, d’après L’île des morts (Die Toteninsel) d’Arnold Böcklin

Poudre d’acier aimantée sur papier
80 x 150 cm
2021

Le territoire du Vercors est un espace marqué par de nombreuses stèles, nécropoles et autres stigmates mémorielles célébrant la mort de multiples martyrs. L’image de cette île-cimetière (la série de peintures portant le nom de Die Toteninsel d’Arnold Böcklin), de laquelle nous percevons les âmes s’élever par le biais des cyprès présents au centre des tableaux, paraît idéale pour y transposer la réalité commémorative du Vercors.


Pour l’artiste, il s’agit de faire correspondre les roches du Mont Aiguille et ses pentes abruptes aux falaises présentes sur les peintures originelles d’Arnold Böcklin. Travaillant depuis plusieurs années avec de la poudre d’acier aimantée sur un support de la taille de la réalisation finale, il propose de transformer ce qu’il dessine habituellement, comme des flammes, des colonnes de fumée ou encore des traînées de poudre de fer très denses en arbres longilignes noirs s’étirant vers le ciel.

Outre le choix de la ressemblance plastique entre les falaises du Vercors et celles présentes sur les oeuvres de Böcklin, l’intérêt artistique d’Adolf
Hitler pour la production du peintre suisse a confirmé Nicolas Daubanes dans son choix. Il s’agit ici de mettre le spectateur face aux systèmes
de récupération de la production artistique par le régime politique Nazi. La troisième version de Die Toteninsel, sur les cinq produites par Böcklin, fût acquise par le leader du parti Nazi en 1933. Elle finit par être présentée en 1940 à la nouvelle chancellerie du Reich à Berlin. De ce fait, Nicolas Daubanes réalise son dessin aux dimensions exactes de la troisième version de l’Île des morts.

 

L'artiste

Nicolas vit et travaille à Marseille. En 2010, il obtient le Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique de l’École des beaux-arts de Perpignan avec les félicitations du jury. Depuis 2008 et une première expérience en milieu carcéral au sein de l’établissement pénitentiaire pour mineurs de Lavaur, Nicolas Daubanes multiplie les expériences d’ateliers, de résidences d’artiste, de professorat en prison. Il ouvre à présent son champ d’action en allant vers d’autres espaces sociaux dit « fermés », ou encore « empêchés ». Il n’hésite pas à recréer des situations dans lesquelles il se met à l’épreuve, interrogeant ainsi plus largement les limites de l’existence et de la condition humaine.

 

Ses oeuvres sont visibles dans le parcours de visite du mémorial

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Nicolas Daubanes, Mont Aiguille, Vercors, d'après Die Toteninsel d'Arnold Böcklin, poudre d'acier aimantée sur papier, Mémorial de la Résistance en Vercors, 2021

Nicolas Daubanes, Mont Aiguille, Vercors, d'après Die Toteninsel d'Arnold Böcklin, poudre d'acier aimantée sur papier, Mémorial de la Résistance en Vercors, 2021

 

Focus Outdoor mémorial de la résistance nicolas daubanes

Focus Outdoor, 2022 (Oeuvre : Nicolas Daubanes, Sabotage : mur des fusillés, 2021)